"Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, et en lisant le délivrer. C'est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère. Il y a plus de texte écrit sur un visage que dans un volume de la Pléiade et, quand je regarde un visage, j'essaie de tout lire, même les notes en bas de page.
Je pénètre dans les visages comme on s'enfonce dans un brouillard, jusqu'à ce que le paysage s'éclaire dans ses moindres détails.
Lire ainsi l'autre, c'est favoriser sa respiration, c'est-à-dire le faire exister.
Lire ainsi l'autre, c'est favoriser sa respiration, c'est-à-dire le faire exister.
On lit en quelqu'un comme dans un livre, et ce livre s'éclaire d'être lu et vient nous éclairer en retour, comme ce que fait pour un lecteur une très belle page d'un livre rare.
Quand un livre n'est pas lu, c'est comme s'il n'avait jamais existé".
Quand un livre n'est pas lu, c'est comme s'il n'avait jamais existé".
Christian Bobin ; La lumière du monde (2001)
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