Vivre, c'est une poussière d'or au bout des doigts,
une chanson bleue aux lèvres d'une nourrice,
le livre du clavier tempéré de Bach qui s'ouvre à l'envers
et toutes les notes qui roulent comme des billes dans la chambre.
Vivre, c'est aller faire ses courses
et croiser un ange qui ne sait pas son nom,
ouvrir un livre
et se trouver soudain dans une forêt au pied de vitraux vert émeraude,
regarder par la fenêtre et voir passer les disparus,
les trop sensibles.
Vivre est un trapèze.
Les dogmes et les savoirs sont des filets qui amortissent la chute.
La grâce est plus grande sans eux.
Christian Bobin, "La lenteur qui fleurit", Le Monde des religions (2011)
À la fois poète, moraliste et diariste, il est l'auteur d'une œuvre fragmentaire où la foi chrétienne tient une grande place, mais avec une approche distanciée de la liturgie et du clergé.
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