Il y a vingt-cinq ans, en 1992, paraissait Hygiène de l'assassin, premier roman d'Amélie Nothomb et acte inaugural d'une œuvre ample et singulière. Aujourd'hui, la romancière célèbre ses cinq lustres de création littéraire – et autant d'années passées chez le même éditeur, Albin Michel – avec un vingt-sixième roman qui ouvre la rentrée littéraire : Frappe-toi le cœur.
Placé sous le signe de Musset à qui il emprunte son titre, l'ouvrage est à la hauteur de l'événement.
L'histoire est celle de Diane, une jeune fille supérieurement intelligente, sensible et généreuse, mais traitée avec dureté par Marie, sa mère, qui lui voue, depuis le jour de sa naissance, une jalousie proche de la haine. L'enfant observe que sa mère déborde par contre d'amour pour son frère et, surtout, pour sa sœur. Elle cherche tout d'abord à se faire, elle aussi, aimer de Marie, avant de comprendre la vanité de l'entreprise et d'en tirer les conséquences…
À travers l'histoire de Diane, c'est à une exploration de la maternité, et plus encore de la relation mère-fille, qu'Amélie Nothomb nous convie. Dans Frappe-toi le cœur, les pères sont des hommes faibles, effacés, qui laissent toute latitude à leurs épouses. Lesquelles se révèlent des mères cruelles, envahissantes, destructrices. Des monstres.
Pendants sombres de leurs filles, parées quant à elles des plus nobles qualités – et qui ne semblent pas vouées à devenir mères un jour. Fine lectrice des contes de fées, l'auteure de Barbe bleue (2012) et Riquet à la houppe (2016) nous offrirait-elle, avec Frappe-toi le cœur, une variation sur Cendrillon ou Blanche-neige ? Pas vraiment : les méchantes ne sont pas ici les marâtres, mais les mères – scénario plus simple et surtout plus cruel, que la romancière cisèle avec finesse et subtilité.
Quant aux filles, elles n'attendent pas passivement la délivrance venue d'un hypothétique Prince Charmant. Elles se libèrent elles-mêmes de l'emprise maternelle, par des moyens plus ou moins radicaux. De cette lutte contre le joug des mères naît entre les filles un sentiment jusqu'ici quasi absent de l'univers nothombien : la solidarité.
Quant aux filles, elles n'attendent pas passivement la délivrance venue d'un hypothétique Prince Charmant. Elles se libèrent elles-mêmes de l'emprise maternelle, par des moyens plus ou moins radicaux. De cette lutte contre le joug des mères naît entre les filles un sentiment jusqu'ici quasi absent de l'univers nothombien : la solidarité.
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