Décembre
Un brouillard épais noie
L'horizon où tournoie
Un nuage blafard,
Et le soleil s'efface,
Pâle comme la face
D'une vieille sans fard.
La haute cheminée,
Sombre et chaperonnée
D'un tourbillon fumeux,
Comme un mât de navire,
De sa pointe déchire
Le bord du ciel brumeux.
Sur un ton monotone
La bise hurle et tonne
Dans le corridor noir :
C'est l'hiver, c'est décembre,
Il faut garder la chambre
Du matin jusqu'au soir.
Les fleurs de la gelée
Sur la vitre étoilée
Courent en rameaux blancs,
Et mon chat qui grelotte,
Se ramasse en pelote
Près des tisons croulants.
Théophile Gautier
Le poème Décembre fait partie du recueil "Intérieurs" paru en 1845. Ce recueil regroupe "Premières Poésies, Albertus, La Comédie de la Mort, Les Intérieurs et les paysages".
Théophile Gautier est un écrivain, poète, peintre, journaliste et critique d'art français du XIXème siècle. Ses premières poésies sont d'inspiration romantique. Mais assez vite, il prend son autonomie vis-à-vis du romantisme, qu'il trouve trop moralisateur et trop engagé dans le combat politique.
Il développe une conception nouvelle de l'art, « l'art pour l'art ». Selon lui, l'art, quelle que soit sa forme d'expression – poésie, peinture, sculpture, ...- doit être cultivé pour lui-même. Il n'a pas à véhiculer de message moral ou politique. Il doit être exclusivement au service de la beauté.
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