Avec ses faux airs de Saint-Lazare, la gare internationale de Canfranc, la deuxième plus grande d'Europe, pourrait être implantée au cœur de la capitale parisienne. Elle se niche en réalité à plus de 1 000 mètres d'altitude, dans les Pyrénées espagnoles. Et n'a pas vu passer un train français depuis bientôt cinquante ans…
Échouée là, au milieu des pics aragonais, cette bâtisse inattendue porte bien son surnom de « Titanic des montagnes ». Avec ses 240 mètres de long, ses 365 fenêtres et 156 portes, ce bijou architectural dessiné par l'Espagnol Fernando Ramírez de Dampierre surprend les visiteurs par sa taille. Une prouesse de construction au sein d'un paysage hostile, entre menace d'éboulis et avalanches. La gare a été inaugurée en grande pompe en 1928. À l'époque, buffet, hôtel de luxe, bureau de change, infirmerie et poste douanier animaient les lieux. Tout le monde misait sur le rayonnement de Canfranc.
Pas plus de 50 voyageurs par jour
Terminus entre la France et l'Espagne, la station n'a pourtant jamais dépassé la cinquantaine de voyageurs par jour. Pendant la seconde guerre mondiale, elle a vu transiter juifs et résistants fuyant l'Europe occupée, mais aussi des tonnes d'or volées par les nazis. Bien après 1945, la ligne Pau-Canfranc a rencontré des avaries techniques, jusqu'à un accident fatal, en 1970 – le déraillement d'un train de marchandises. La SNCF a alors fermé la ligne, condamnant la gare.
Le site est aujourd'hui la propriété du gouvernement aragonais : les herbes folles ont repris l'avantage et recouvrent les anciens wagons rouillés alentour. L'horloge de la gare est immobile, les fenêtres condamnées et le hall central déserté, même s'il a été récemment réhabilité.
Si la réouverture de la ligne côté français est souhaitée par les populations locales, rien n'est encore sûr. En 2016, le train express régional a repris du service depuis Pau, mais il s'arrête pour le moment à Bedous (Pyrénées-Atlantiques), à une trentaine de kilomètres de là. L'Europe aussi s'intéresse à une remise en service de la plus grande gare fantôme du monde. Dans une région surfréquentée par les poids lourds, l'avenir de l'ancienne station est désormais entre les mains des politiques.
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