Poème célèbre, "Mignonne, allons voir si la rose..." est une œuvre de Pierre Ronsard, extraite du recueil "Odes". Cet auteur du 16ème siècle fut poète à la cour de François 1er. Petite présentation de cette ode qui est à la fois un poème d'amour et une méditation sur la brièveté de la vie.
Une ode
Ce poème est aussi appelé "Ode à Cassandre", prénom d'une jeune fille d'un banquier italien que Ronsard aurait rencontrée lors d'un bal en 1544 et qui lui aurait inspiré son premier recueil. Une ode est un poème lyrique, dans lequel le poète expose ses sentiments, la structure du texte est la même dans chaque strophe. Ainsi, chacun des trois sizains (strophes de six vers) est formé d'octosyllabes, dont les rimes sont d'abord suivies puis embrassées. Mise en musique dès le XVIème siècle, elle devint populaire et fut sur toutes les lèvres.
Une invitation amoureuse
Dès la première strophe, Ronsard invite la jeune fille, qu'il interpellera à chaque strophe du terme "Mignonne" à une promenade au jardin des roses. C'est pour lui le prétexte d'une comparaison qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin du poème. La rose et la jeune fille sont semblables : les pétales et sa robe pourpre, la couleur de la rose et son teint. Beauté et jeunesse paraissent être leurs attributs. Le ton est alerte et joyeux dans la perspective de ce moment agréable. C'est bien une poésie amoureuse qui rend hommage à la beauté de la jeune fille. Ronsard va utiliser cette comparaison somme toute assez banale, pour persuader la jeune fille de répondre à son amour.
Une méditation philosophique
Dès la deuxième strophe, le poète fait remarquer à son invitée que la rose, bien que nouvellement éclose a déjà triste mine et se fane rapidement. Le ton est plus mélancolique et c'est un reproche à la nature, personnifiée en tant que "marâtre". Lorsqu'il s'adresse à Cassandre à la fin du poème, ce n'est plus une invitation, mais bien un conseil : le temps passe trop rapidement et ses outrages sont tels qu'il faut vite profiter du moment présent. Discours très judicieux puisqu'il l'invite ainsi à ne pas attendre pour répondre à l'amour et aux plaisirs qu'il lui propose. La vieillesse et la mort arrivant trop vites, profitons de notre jeunesse. Ronsard reprend ici la philosophie d'Horace et son fameux "carpe diem" (profite du jour présent), la vie est si courte qu'il faut se hâter d'en jouir. Il est amusant de voir que la beauté de Cassandre, grâce à Ronsard et à la littérature, sera finalement immortalisée.
Mignonne, allons voir si la rose
- À CASSANDRE
- Mignonne, allons voir si la rose
- Qui ce matin avait déclose
- Sa robe de pourpre au soleil,
- A point perdu cette vesprée,
- Les plis de sa robe pourprée,
- Et son teint au vôtre pareil.
- Las ! voyez comme en peu d’espace,
- Mignonne, elle a dessus la place
- Las ! las ! ses beautés laissé choir !
- Ô vraiment marâtre Nature,
- Puis qu’une telle fleur ne dure
- Que du matin jusques au soir !
- Donc, si vous me croyez, mignonne,
- Tandis que votre âge fleuronne
- En sa plus verte nouveauté,
- Cueillez, cueillez votre jeunesse :
- Comme à cette fleur la vieillesse
- Fera ternir votre beauté.
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- Ronsard (1524, Vendômois)
- Odes, I,17
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