Léopold Sédar Senghor, connu pour être l'un des pères de la négritude, est aussi un homme doté d'un sens aigu de l'humour. Si la Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture, d'abord face à une francité perçue comme poignante, son écriture poétique, avec tout ce qu’elle a d’hilarant et de pesant, prend en écharpe les différentes modalités de la blancomanie au détriment des nègres. Ses voyages et ses études en Europe lui ont conféré cette vision négrophile qui devient peu à peu l'essentiel de sa doctrine.
Son texte intitulé « Poème à mon frère blanc », témoigne de ce caractère : celui qui juxtapose son sens humoristique et ses revendications majeures. Sans être polémique, ce poème est une revendication péremptoire, face au qualificatif « hommes de couleur » attribué aux Noirs.
Cher Frère Blanc ...
Quand je suis né, j’étais Noir
Quand j’ai grandi, j’étais Noir
Quand je vais au soleil, je suis Noir
Quand j’ai peur, je suis Noir
Quand je suis malade, je suis Noir
Quand je mourrai, je serai Noir ...
Tandis que toi, Homme Blanc :
Quand tu es né, tu étais Rose
Quand tu as grandi, tu étais Blanc
Quand tu vas au soleil, tu es Rouge
Quand tu as froid, tu es Bleu
Quand tu es malade, tu es Jaune
Quand tu mourras, tu seras Gris
Et après cela tu as le toupet de m’appeler :
« Homme de COULEUR » !
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