Le vocabulaire est un lourd héritage des civilisations passées. D'origine latine, le français a également emprunté des mots à de nombreux autres pays, à l'instar de la civilisation amérindienne.
De nombreux mots français ont été ajoutés au lexique suite à la découverte du Nouveau Monde à la fin du XVe siècle. L'Ancien Monde a dû trouver des mots pour désigner les plantes, animaux et objets nouvellement découverts. Suite au Traité de Tordesillas en 1494 qui a divisé le territoire américain, les empires coloniaux portugais et espagnol ont transcrit les dénominations amérindiennes dans leur langue d'origine. Cependant, via les colonies françaises d'Amérique, certains mots sont arrivés dans le vocabulaire français sans modification, à l'instar des mots suivants.
L'ANANAS
Le mot « ananas » vient du tupi-guarani « naná ». La langue tupi-guarani est la sous-famille la plus représentée de l'ensemble des langues tupi rassemblant 70 langues parlées du Brésil au Paraguay. Venu des Antilles, plus précisément de l'île de Saint-Domingue, « naná » est la version courte de « ananá », signifiant « excellent fruit ». En 1544, il apparaît pour la première fois dans le vocabulaire français sous la forme de « amanat », dans le livre Cosmographie de Jean Fonteneau. En 1555, l'explorateur français Nicolas Durand de Villegagnon utilise la forme « nana ». C'est en 1578 que Jean de Léry impose la forme définitive d'« ananas ».
LA COCA
LA COCA
Avant d'être un composé de la cocaïne, la coca est une plante d'Amérique du Sud utilisée par les populations locales, comme plante médicinale. Le français a emprunté ce mot à l'espagnol « coca », mais l'origine de ce mot est quechua. Le quechua était la langue véhiculaire de la civilisation inca, soit le dialecte plus simple qu’ils utilisaient pour communiquer avec d'autres peuples. La langue officielle était alors l'aymara avant d'être remplacée par le quechua par choix des colons espagnols. La coca est désormais appelée « mama inala » en langue quechua ce qui signifie « comme une mère ».
LE CHOCOLAT
L'histoire du mot « chocolat » est un vrai casse-tête pour les lexicologues. Le mot espagnol « chocolate » viendrait du náhuatl « xocolātl », qui signifie « eau amère ». Les Aztèques associaient le chocolat avec Xochiquetzal, la déesse de la fertilité, ce qui pourrait expliquer l'origine du mot. Cependant, le mot « xocolātl » n'apparaît pas au début de la langue espagnole ou dans les sources coloniales nahuatl.
Dans une étude controversée, des linguistes remarquent que dans de nombreux dialectes nahuatl, le nom est plus « chicolatl » que « xocolātl ». De nombreuses langues parlées au Mexique et même aux Philippines ont emprunté cette version du mot. Le mot actuel chicol-li fait référence à des ustensiles de cuisine. À l'origine, le chocolat était servi dans des cérémonies, avec des fouets individuels. Ainsi, les linguistes considèrent qu'il semble assez probable que la forme d'origine du mot était chicolatl, ce qui pourrait signifier "boisson battue".
LA PATATE
En français, « patate » a d'abord désigné la patate douce, terme emprunté à l'espagnol patata. Ce mot espagnol est un mélange entre papa qui désignait la pomme de terre en quechua et batata, nom de la patate douce en taïno, langue arawakienne qui était parlée par les Taïnos, un peuple des Caraïbes. En 1529, le mot « patate » apparaît pour la première fois en France sous la forme savante, dans Navigation & découvrement de l'inde supérieure & îles de Malucque où naissent les clous de girofle d'Antoine Pigafetta dans lequel il relate le grand voyage de Magellan. En 1732, dans la réédition du Dictionnaire universel françois & latin d'Antoine Furetière, on trouve le mot « patate » qui désigne le topinambour mais aussi un autre tubercule, bien différencié par l'auteur : la pomme de terre.
L'ANORAK
Lorsqu'on sait l'histoire de ce vêtement, l'origine de sa dénomination n'est pas une grande surprise. Le mot « anorak » vient de l'inuktitut « annuraaq » qui signifie « vêtement », lui-même dérivé du mot « anoré », « vent » en langue inuit. L'anorak est un vêtement d'origine inuit utilisé par temps froid ou pluvieux. La version féminine de l'anorak s’appelle l'amauti. Les pièces de l'amauti sont assemblées selon un patron extrêmement complexe comprenant une poche ample et confortable pour le bébé, ainsi que des épaules volumineuses permettant à la mère de faire passer l'enfant devant pour l'allaiter ou lui faire faire ses besoins sans l'exposer aux éléments.
LE BARBECUE
C'est dans l'isthme de Panama, chez les Arawak, ainsi que chez les Tainos, que l'on retrouve des traces du mot originel « barbakoa » dès 1518 désignant un support en bois servant à rôtir ou fumer la viande. On le trouve ensuite en 1697 dans A new Voyage round the World de William Dampier au sens de « cadre de bois latté servant de sommier » sous la forme barbecu, borbecu. Ensuite le mot anglais a muté en « dispositif sur lequel on fait rôtir les viandes en plein air » en 1699 ; puis a désigné la « viande rôtie à ce dispositif » au début du XVIIIe siècle. Le terme apparaît finalement dans la langue française dans les années 1950, par emprunt de l'anglais américain « barbecue ».
LE TOBOGGAN
L'origine du mot « toboggan » est profondément lié à l'histoire des colonies françaises en Amérique. Ce mot provient du français de l'Acadie « tabaganne », lui-même emprunté au mot des langues algonquiennes « otaban » signifiant « traîne », du micmac « tepaqan » et de l'abénaquis de l'Ouest « udãbãgan ». Il désignait alors un « traîneau » ou une « grande luge glissant sur une piste ». Les Européens ont ensuite emprunté le terme « toboggan » de l'anglais, lui-même issu du français canadien. D'origine amérindienne, la « traîne » est passée dans la culture de la Nouvelle-France suite aux fréquents contacts entre les deux cultures. Ces traîneaux étaient utilisés par les autochtones pour transporter de l'équipement et autres biens variés sur la neige. Ils étaient habituellement faits de bois recourbé à la vapeur. Cet objet fait pour faire glisser les matériaux a, ensuite, donné son nom au jeu d'enfant.
Ma source: dailygeekshow.com
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